ファイナンス 2019年1月号 Vol.54 No.10
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Nations, signé par les Ministres, par le Taïcoun et portant le Sceau en vermillon de ce Souverain. L’Interprète Moriama m’expliqua que cette forme était invariablement celle des Ratifications de l’Empereur du Japon. Je demandai si la signature du Taïcoun était autographe ; il me répondit que ce que je voyais était la reproduction exacte des ordres donnés en Conseil par ce Souverain, d’où je conclus que cette signature est plutôt un fac-simile qu’un autographe. Peut être en est il ainsi de la signature des Ministres bien que celles que porte le Traité soient semblables aux signatures apposées sur toutes les dépêches que je reçois du Gorojio. L’importance qu’on attache dans ce pays à la calligraphie autorise sans doute par fois l’emprunt à des copistes habiles et expérimentés.L’Interprète Japonais me t également observer que le Traité que m’était présenté était identique aux exemplaires signés par le Baron Gros, et qu’il l’avait lui-même exactement copié sur l’original, même le texte français qui est écrit au pinceau japonais et à l’encre de Chine, le papier japonais ne permettant pas l’usage de l’encre et des plumes européennes. Je pus m’assurer que la délité du copiste japonais avait été si loin, qu’il avait laissé subsister sur sa copie, les remarques laissées d’ailleurs par le Baron Gros sur les exemplaires remis aux Plénipotentiaires Japonais en 8bre 1858, c’est-à-dire à chaque paragraphe du Traité un rappel des articles correspondants du traité Anglais. Je crus d’autant moins devoir demander la disparition de ces inutiles additions que, remarquant beaucoup de grattages sur la partie française de l’Instrument (et tous les lapsus n’en ont pas encore été complètement rectiés), j’ai pensé que l’opération nécessaire pour enlever à chaque article cette mention de référence demanderait beaucoup trop de temps et serait d’ailleurs facilement rectiée à Paris, s’il était nécessaire.Nous passâmes alors à l’examen des articles, une petite diculté nous arrêta:il y a deux textes japonais, un en style élevé ou en écriture dite Ouabon, l’autre en écriture dite Katagana. C’est cette dernière seule que M. l’Abbé Girard a étudiée ; mais à Yédo, c’est l’autre style qui s’emploie le plus usuellement. Cependant on nit par trouver un lecteur et M. Girard qui avait reçu de M. l’Abbé Mermet la copie exacte du texte Katagana annexé au Traité signé par le Baron Gros et avait étudié par coeur cette copie, trouva le texte japonais qu’il pouvait lire, tout à fait conforme au texte de M. Mermet, quant au Hollandais, ne connaissant pas cette langue, et n’ayant pas avec moi d’interprète hollandais, je dus laisser de côté ce texte et me borner à collationner le texte français que je trouvai tout à fait conforme à l’original.Tout ayant été trouvé régulier, l’échange des Traité a eu lieu. J’ai remis aux Ministres par l’intermédiaire du Plénipotentiaire japonais le Traité Français et j’ai reçu par la même voie le traité Japonais qui a été posé dans une double boîte en laque noire, simple, mais d’un fort beau ni.J’ enverrai ce Traité par l’occasion la plus sûre et la plus prochaine.On s’est alors occupé du procès verbal de la séance. J’avais fourni à l’avance copie et traduction du modèle de procès verbal qui m’avait été remis à Paris au Bureau de Protocole ; de leur côté, les Japonais ont paru tenir à fournir le leur. Je n’ai pas cru devoir mettre de résistance à répondre à leur désir, et j’ai signé également leur procès verbal, comme ils ont signé le mien.Je ferai seulement remarquer à Votre Excellence que dans le procès verbal Japonais, - le nom du Mikado apparait pour la première fois. Le Japon y est désigné comme Empire du Mikado (l’Empereur Spirituel). Egalement dans l’intitulé du Traité, on a remplacé le mot Empereur du Japon, par le mot Taïcoun du Japon. Le même titre gure d’ailleurs dans l’original français signé par le Baron Gros qui m’a été présenté. Il est vrai que sur cet original le mot Taïcoun est inscrit à une place déjà grattée. Mais j’ai cru reconnaître une écriture française et je n’ai pas cru devoir soulever d’observations intempestives en pareil moment.Pour les Japonais le Taïcoun n’est pas précisément l’Empereur ; il y a même une diérence d’expression pour désigner celui que nous appelons l’Empereur temporel, celui-ci, le Taïcoun est nommé en langue japonaise plutôt Grand Généralissime qu’Empereur et ne porte pas le titre de Koteï réservé seulement à l’Empereur Spirituel ou Mikado. Dans nos rapports avec le Gouvernement Japonais nous avons soin de donner à notre Souverain le nom de Koteï comme les Japonais le donnent au Mikado. Dans les pièces ocielles nous ne parlons pour désigner le souverain du Japon que du Taïcoun puisque le Pouvoir Souverain est uniquement personnié par ce Prince.J’ai déjà fait part de cette remarque dans mes dépêches précédentes et nous continuons à paraître considérer le Taïcoun comme l’Empereur du Japon. Aussi l’appelons nous S.M. Japonaise ou le Taïcoun indiéremment.La séance a duré plus de trois heures, notre cortège a traversé au retour les mêmes ots de population – l’équipage et les ociers du Du Chayla sont retournés à bord.A 5 heures la corvette a salué les couleurs hissées sur l’habitation que j’occupe au bord de la mer, sur une colline élevée d’environ 150 pieds au dessus de la baie de Yédo. La frégate de S. M. Russe l’Askold et la corvette de S. M. Britannique le Highflyer qui s’étaient courtoisement associées à cette cérémonie en se pavoisant toute la journée ont également salué le Pavillon Français de 21 coups de canon.A mon retour, j’ai trouvé chez moi tout un repas japonais très somptueux disposé pour plus de Vingt personnes. Les ociers Japonais qui me l’ont présenté m’ont fait savoir que les Membres du Gorojio me l’avaient envoyé parce que je n’avais pas paru désirer le prendre au Ministère. Cet usage de l’envoi à domicile de repas préparés, qui contraste si fort avec nos habitudes européennes est dans l’étiquette Japonaise mais nous cherchons ici à en abolir l’application aux Représentants Etrangers. Nous avons déjà prié de nous en dispenser, cette fois j’ai cru m’apercevoir que les Ministres avaient peut être songé à nous en faire eux-mêmes les honneurs le jour de la cérémonie. Je me propose de leur faire part du regret que j’éprouve de n’avoir pas été clairement informé soit à l’avance, soit à notre entrée au palais de cette gracieuse intention et je saisirai cette occasion pour parler courtoisement toute fois, de l’incident arrivé à nos ociers – J’envoie ci-joint à Votre Excellence un des deux procès verbaux de la séance de l’échange des Ratications ; je joindrai l’autre à l’envoi du Traité.Veuillez agréer les assurances de la respectueuse considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être.Monsieur le Comtede Votre Excellence,le très humble et très obéissant serviteur(Signature) Duchesne de BellecourtP.S. Après l’échange des ratications je me suis occupé de la question du présent que le Souverain Impérial m’a chargé d’orir au nom de l’Empereur au Souverain Japonais. J’ai envoyé à cet eet la liste de ce présent au Ministère qui m’a envoyé un Sous Secrétaire d’Etat accompagné de plusieurs ociers an de procéder au classement des nombreux objets qui doivent être oerts tant au Taïcoun qu’à divers membres du Gouvernement. J’ai tout lieu de croire que j’obtiendrai à cette occasion une audience du Taïcoun. Je joins ici copie des lettres échangées à ce sujet entre le Ministère et le Consulat Général, me reférant d’ailleurs pour d’autres détails à ma lettre de ce jour sous le timbre de la Direction du fonds.(Signature) DB ファイナンス 2019 Jan.22日仏修好通商条約、その内容とフランス側文献から見た交渉経過(8) SPOT

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