ファイナンス 2019年1月号 Vol.54 No.10
26/80

(付録)1859年9月30日付のデュシェヌ=ド=ベルクール発ヴァレヴスキ外務大臣宛の書簡(原文)*24(En bas de la première page)A Son Excellence Monsieur le Comte WalewskiMinistre et Secrétaire d’Etat au Département des Aaires EtrangèresCONSULAT GÉNÉRALDE FRANCEà Yeddo (Japon)Direction PolitiqueN°7Yeddo le 30 Septembre 1859Monsieur le Comte,L’échange des Ratications du Traité conclu avec le Japon, a eu lieu le 22 de ce mois au Palais des Aaires Etrangères de Yédo, en présence des deux Premiers Ministres, Membres du Gorojio ou Conseil Privé de l’Empire. Tout dans cette importante cérémonie s’est passé exactement suivant le programme arrêté entre les ministres et moi dans notre première entrevue. Je me suis rendu en grand cortège au Palais des Affaires Etrangères, à cheval et accompagné de tous les officiers de la Corvette de S.M.I. le《Du chayla》 également à cheval. On avait envoyé au devant de moi un des Vice-Gouverneurs de la Ville, chargé de nous frayer le passage, il ouvrait la marche en palanquin, précédé de la pique et suivi du parasol, l’attribut des Grands Fonctionnaires et dont il convient aussi que les Représentants Etrangers fassent usage ici lors de leurs sorties ocielles.Un peloton de 20 hommes du 《Du Chayla》, le sabre bayonnette au bout de la carabine, ouvrait la marche du cortège français, puis après le drapeau français, le Traité porté sur les épaules des 4 marins et à découvert sur une estrade décorée de pavillons. – 4 Sous Ociers et plusieurs hommes l’entouraient tout spécialement et je le suivais de près avec les ociers du 《Du Chayla》.M. Merlo, Chancelier, et M. l’Abbé Girard, Interprète du Consulat Général, suivaient dans des Norimons (palanquins du pays) et la marche du cortège était fermée par un nouveau peloton de marins.Après deux heures de marche à travers les ots pressés de la population qu’attirait ce cortège imposant, et après avoir traversé l’enceinte ocielle réservée aux Princes présents à Yédo et aux Grands Fonctionnaires de l’Empire, nous sommes arrivés au palais des Aaires Etrangères où nous avons été reçus d’abord dans une salle attenante à la salle d’audience. J’y ai trouvé le Plénipotentiaire japonais chargé par le Ministère d’examiner avec moi le Traité, et qu’accompagnait l’Interprète Moriama:- Le premier Ministre n’était point encore arrivé et on nous avertit que nous pourrions déposer les deux traités dans la salle d’audience et passer dans une autre salle an d’y prendre quelques rafraichissements. Je remerciai l’Interprète en disant que la séance devant durer selon toute probabilité assez long temps nous n’avons que fort peu de temps à perdre ; au fond j’avais hâte de voir le Traité Japonais et les Ratications du Taïcoun traités et je n’admettais pas cet abandon momentané de l’Instrument de Ratications que j’avais apporté au Palais.Je pris soin de demander si les Ociers pouvaient entrer avec moi dans la salle d’audience:On me répondit que tout serait arrangé, et à ce moment l’arrivée du premier Ministre ayant été annoncée, nous suivimes les Fonctionnaires chargés de nous diriger et nous entrames dans la salle de réception des Ministres. C’était la même salle où nous avions été admis lors de notre première audience. Les Ministres, comme la première fois, nous attendaient de bout. Je présentai à leurs Excellences les ociers qui m’accompagnaient, puis on nous conduisit aux mêmes places que nous occupions la première fois ; mais je remarquai qu’une seule table avait été ajoutée à celles qui nous étaient destinées. Elle était pour le Commandant du Du Chayla.Quant aux autres ociers, on vint nous prévenir, un peu tard, qu’ils ne pouvaient se tenir dans la salle où se traitaient les aaires, et qu’ils y seraient appelés dès que l’échange des Traités aurait lieu, c’est-à-dire après l’examen des Instruments. Je fis remarquer à l’Interprète chargé de donner cet avis, que j’aurais eu soin de demander à l’avance un programme arrêté sur toutes les cérémonies, et que je regrettais le déplacement imposé aux personnes qui ne m’accompagnaient que parce que ce point semblait avoir été convenu. Nous étions tous debout encore, les Ministres, les ociers japonais ainsi que toutes les personnes arrivées avec moi ; je consultai du regard M. Tricault Commandant du Du Chayla avant de prendre un parti ; mais cet officier supérieur bien qu’assez peiné de cet incident, t cesser avec beaucoup de courtoisie ce moment de confusion, en invitant ses ociers à se conformer à cette exigence de l’étiquette japonaise et en restant lui-même avec nous. Du reste, les ociers ont été rappelés lors de l’échange et fort courtoisement traités. Je ne cite ce fait – que parce que je me suis réservé dès ce moment de demander pour toute circonstance analogue un règlement de cérémonial formel, en rappelant ce petit incident qui n’a été motivé d’ailleurs par aucune intention blessante.On prit ses places, et la séance commence. Sur une table placée entre les Ministres et moi ; un Gouverneur déposa le traité portant les Ratications Japonaises. M. le Chancelier de la Mission en t autant pour le traité portant les Ratications de l’Empereur, et M. l’Abbé Girard que j’avais engagé, à son grand plaisir, à porter la soutane en cette circonstance solennelle, s’approcha de la table pour m’assister dans l’examen de l’Instrument Japonaise. Le costume de cet ecclésiastique n’a paru provoquer aucune sensation chez les Japonais.Pour ma part, je tenais à ce que le Ministre de la Religion qui fait en ce moment partie du Consulat Général de l’Empereur, se présentât sans déguisement dans une cérémonie où la réinstallation de la liberté du culte catholique au Japon s’accomplissait solennellement par la diplomatie du Souverain de la France.Nous nous rendîmes alors le Plénipotentiaire japonais et moi auprès des traités et nous nous montrâmes réciproquement les signatures des Souverains et celles des Ministres.Je reconnus que les Ratications apposées sur le Traité Japonais étaient exactement conformes à celles qui j’avais vues sur le Traité Anglais qui m’avait été montré chez Monsieur Alcock ; - Un préambule rappelant l’échange du Traité conclu entre les deux *24) デュシェヌ=ド=ベルクールがフランス本国政府に送った書簡の原文は、1861年以降のものは、アラン・コルナイユ著「最初の日仏条約」(1994年)(《Le Premier traité Franco-Japonaise》 par Alain Cornaille)に極めて網羅的に掲載されているが、それ以前のものは掲載されておらず、ここで掲載する1859年9月30日付の書簡についても、同著にごく一部の抜粋は載っているものの全体は掲載されていないので、資料的価値の観点から、ここで掲載することにした。なお、その内容は完全な翻訳ではないにしろ本文でほぼ紹介したので、ここでは日本語の翻訳は付していない。21 ファイナンス 2019 Jan.SPOT

元のページ  ../index.html#26

このブックを見る